Affichage des articles dont le libellé est Remeublement. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Remeublement. Afficher tous les articles

15 meubles historiques de retour à la Villa Cavrois




Quinze meubles historiques de retour à la Villa Cavrois

Un article de Gilles Marchal paru dans la Voix du Nord du 24 décembre 2018

Le Centre des monuments nationaux continue de racheter le mobilier original de la Villa Cavrois. Il vient en outre de faire l’acquisition de quinze meubles pour la coquette somme de 322 000 euros. 

À ce prix-là, on peut s’offrir, au choix, une belle maison ou un tabouret, neuf chaises, une enfilade, deux fauteuils à oreilles, une chaise de bureau et une lampe. Ces meubles, cela dit, on ne les trouve dans aucun catalogue de grande marque scandinave puisqu’il s’agit de pièces uniques, conçues à la fin des années 1920 par l’architecte et designer Robert Mallet-Stevens pour la Villa Cavrois dont il a érigé les murs et aménagé l’intérieur.

En sept ans,  le CMN a déjà déboursé plus de 800 000 euros pour rééquiper la Villa Cavrois de son mobilier d’origine. 

Avant de finir sur la place d’enchères de l’hôtel Drouot à Paris, les meubles avaient été dispersés chez des héritiers ou cédés à des collectionneurs après le décès de Lucie Cavrois en 1986. Peu coté à l’époque, le mobilier de Mallet-Stevens s’arrache aujourd’hui à prix d’or et personne d’autre que le Centre des monuments nationaux ne le sait mieux.

En sept ans, le CMN a déjà déboursé plus de 800 000 euros pour rééquiper la Villa Cavrois de son mobilier d’origine. Sept pièces du boudoir de Mme Cavrois (un fauteuil, une coiffeuse, une travailleuse, deux appliques et une paire de chauffeuses) avaient été adjugées chez Christie’s à Paris pour 591 000 euros en 2011.

Des enchères dynamiques

Plus récemment, en 2015, c’est un ensemble de dix chaises et de deux tables qui avaient été acquises chez Sotheby’s à New York pour 252 500 dollars, soit environ 232 500 euros.

À cette note, il faut ajouter les 322 000 euros dépensés le 7 décembre à Paris. Le Centre des monuments nationaux a fait valoir son droit de préemption à l’issue d’enchères dynamiques : les quinze meubles réunis en six lots étaient estimés entre 110 000 et 170 000 euros.

L’investissement sera financé grâce au fonds du Patrimoine, au fonds des Monuments historiques et à l’association les Amis de la Villa Cavrois.

Construite entre 1929 et 1932 par l’architecte parisien Robert Mallet-Stevens à la demande de l’industriel roubaisien Paul Cavrois, la Villa Cavrois a été classée monument historique en 1990 avant d’être acquise par l’État en 2001.

Après 12 ans de travaux de restauration et plus de 23 millions d’euros investis, la Villa Cavrois a ouvert ses portes au public en 2015.

Le remeublement de la chambre jaune

La chambre de jeune homme de Jean-Baptiste, dite chambre jaune, va retrouver son aménagement, comme l'avait annoncé Philippe Bélaval, le président du Centre des Monuments Nationaux, lors de la passation du poste d'administrateur entre Jocelyn Bouraly et Carine Guimbard, le 26 février 2020.

Vous pouvez contribuer à la poursuite du remeublement de la chambre jaune, en bénéficiant d'une déduction fiscale, avec l'Association des Amis de la Villa Cavrois en suivant ce lien.


Philippe Bélaval, entouré de Carine Guimbard et Jocelyn Bouraly, annonce le 26 février 2020, parmi de nombreuses autres bonnes nouvelles, la restitution du mobilier de la chambre jaune de jeune homme. 

Ce même jour fut celui du retour de la table carrée originale dans cette chambre. © Clichés Jacques Desbarbieux Amis de la Villa Cavrois.




Jusqu'à présent seul les éléments mobiliers fixes, définitivement détruits, avaient été reproduits à l'identique. La volonté de remeublement de la Villa Cavrois s'attachant à remettre en place les originaux avec le rachat des meubles d'époque, ne peut malheureusement dans ce cas être poursuivie à part pour la table carrée.

Une restitution par les Ateliers de La Chapelle

Comme pour l'ensemble du mobilier restitué jusqu'à présent dans la Villa Cavrois ce sont les Ateliers de La Chapelle qui ont été sélectionné.

Cette entreprise, qui a de nombreuses références, a montré son savoir faire exceptionnel. On se souvient lors de l'arrivée de l'autre table carrée présente dans la chambre des parents, de la stupéfaction de constater la concordance avec le lit et l'enfilade.




Extrait du diaporama © de Romain Gilbert des Ateliers de La Chapelle
lors de sa conférence donnée à la Villa Cavrois le jeudi 13 octobre 2016


Ce cliché a été pris dans la chambre de jeune homme le mercredi 6 juillet 1932, à l'occasion du mariage de Geneviève, la fille aînée du couple Cavrois. Le même jour que l'inauguration de la Villa Cavrois, tout juste livrée par Robert Mallet-Stevens. Sur cette photo, Monsieur et Madame Paul Cavrois sont entourés de leurs 7 enfants et de leur nouveau beau fils Pierre Six, âgé de 24 ans. Geneviève s'est mariée quelques jours avant ses 20 ans qu'elle fêtera le 12 juillet.

La poursuite du remeublement

Parmi les prochaines étapes, Philippe Bélaval, le président du CMN, avait également évoqué la restitution du serviteur de l'entrée des enfants et de la table de la salle à manger des parents.

La Villa Cavrois revêt son aspect d’origine

Par meubles et tapis, la Villa Cavrois revêt son aspect d’origine 

Un article de Ludivine Razloznik paru dans La Voix du Nord le jeudi 15 septembre (édition de Roubaix), le dimanche 18 septembre (édition de Villeneuve d'Ascq) et le mardi 20 septembre 2022 (édition de Lille).



Les fauteuils verts et la table du salon ont été retrouvés à New York en 2015.


Voilà plusieurs années que le Centre des Monuments Nationaux mène une politique visant   à remeubler la Villa Cavrois à l’image de la construction de 1932, afin de mieux présenter l’œuvre complète de l’architecte.


Cette année, la table de salle à manger et trois tapis ont été restitués. 

 

Lorsque l’on déambule entre les pièces aujourd’hui, il est difficile d’imaginer la Villa Cavrois comme elle l’était lors de son ouverture au public : rénovée certes, mais vide de tous ses meubles qui semblent pourtant faire corps avec la bâtisse. Construite en 1932 pour Paul Cavrois et les siens, c’est en 1986 qu’elle est délaissée. Les meubles sont alors vendus aux enchères ou répartis dans la famille. « On a encore des traces de certains, mais d’autres meubles ont disparu », explique Alexandre Pouliguen, adjoint à l’administratrice de la Villa Cavrois.

 

La villa est laissée à l’abandon pendant plus de dix années, avant d’être rachetée par l’État en 2001 (puis léguée au Centre des Monuments Nationaux), remise en état, et ouverte au public en 2015.

 

Meublée comme en 1932

 

Mais il manquait quelque chose. La complétude entre la demeure et son mobilier n’est pas qu’une impression, puisque l’on sait que l’architecte Robert Mallet-Stevens a pensé son œuvre comme un tout. « Ce sont les meubles qui donnent l’équilibre et les fonctions des pièces, qui permettent au visiteur de comprendre la villa. » Le Centre des Monuments Nationaux (CMN) est donc en quête permanente de ce mobilier.



Si les chaises de la salle à manger des adultes sont d’origine, 
la grande table elle, a été reconstruite.

 

Le parti pris est de retrouver la villa comme elle l’était à sa construction en 1932 et pour ce faire, les photographies prises à cette époque sont une ressource précieuse puisqu’elles permettent d’identifier les différentes pièces du mobilier, de les reconstituer à l’identique quand elles ont disparu, ou de les retrouver sur le marché de l’art quand elles sont encore détenues à titre privé.

 

Une table et trois tapis pour mieux imaginer la famille

 

Lors de la restauration de la villa, les boiseries avaient déjà été recréées. La table et les fauteuils verts du salon ont été achetés à New York en 2015. D’autres meubles ont retrouvé leur place dans différentes pièces. Par petites touches chaque année, la villa retrouve son aspect d’antan. Au mois de février, c’est la grande table de salle à manger des adultes qui est venue apporter une cohérence aux neuf chaises d’origine acquises en 2018. Elle a été reconstituée à l’identique après une étude photogrammétrique.

 

Plus récemment, ce sont trois tapis qui ont retrouvé leur place grâce au concours de la fondation du groupe AG2R La Mondiale. « Ils ne sont pas d’origine, mais ils ont été refaits aux bonnes dimensions et en respectant les niveaux de gris. C’était la seule information chromatique que l’on avait alors effectivement pour la couleur, il y a une part d’interprétation », indique Alexandre Pouliguen. L’un est tissé dans la salle à manger des enfants, les autres noués, dans le salon et la salle à manger des adultes. Colorés de façon à être cohérents avec les pièces, ils permettent effectivement de mieux imaginer qu’une famille a un jour vécu entre ces murs.

 

Retrouver le mobilier, « un vrai roman policier »



Le CMN s’appuie sur des photos de 1932 pour retrouver ou restituer le mobilier d’origine. Photo Albin Salaün, 1932

 

Si tout un chacun est satisfait de voir la Villa Cavrois retrouver son aspect d’origine au fil des années, il est aussi important de souligner qu’une telle mission de remeublement revêt des allures « d’enquête, de vrai roman policier », dit Philippe Bélaval, président du Centre des Monuments Nationaux. Estimer les pièces qui sont encore manquantes est un véritable défi : « Robert Mallet-Stevens a brûlé ses archives et donc il n’existe aucun inventaire. »

 

Cela implique une veille permanente du marché de l’art, dont le CMN est tributaire pour récupérer les meubles. « Le droit de préemption existe en France, pas à l’étranger. À New York, nous étions de simples enchérisseurs. Les sites de vente en ligne sont aussi compliqués car là-dessus, c’est plus fréquent que des choses nous échappent. »

 

Heureusement, certains manifestent eux-mêmes leurs possessions, et de grandes maisons de ventes aux enchères alertent quand une pièce intéressante se présente. « Maintenant que chacun sait que l’on veut compléter la collection, c’est plus facile car on peut compter sur le concours de tout un tas de gens. »

 

La chambre jaune, prochaine à retrouver ses couleurs ?  

 

Lors de la réception pour inaugurer l’arrivée des nouveaux tapis dans la Villa Cavrois qui a eu lieu jeudi dernier, l’Association des Amis de la Villa Cavrois a été remerciée par le président du Centre des Monuments Nationaux, Philippe Bélaval, pour sa généreuse donation. Un chèque de 13 500 euros a été remis dans le but de participer à la restitution du mobilier de la chambre jaune (un projet à près de 100 000 euros). Ce chèque financera le bureau de la chambre.

 

Ces nouveaux aménagements seront sans doute pris en charge par les Ateliers de la Chapelle, comme ceux des autres pièces. Ils sont attendus pour 2023.



Voir ici un autre article sur le même sujet paru dans Lille actu

La Villa Cavrois remeublée comme à l'époque

Un article de Margot Nicodème, publié le 11 septembre 2022, dans Lille actu

 

En images

La Villa Cavrois remeublée comme à l'époque : trois nouveaux tapis installés

 

La Villa Cavrois, incontournable édifice à Croix (Nord), est progressivement remeublée exactement elle l'était dans les années 1930. Le 8 septembre, trois tapis ont été présentés.



Le tapis du hall-salon de villa a été reproduit à l’identique, mais il a fallu… imaginer les couleurs ! Toutes les photos d’époque de l’intérieur de la villa sont en noir et blanc. (©MN/Lille actu)

 

Doucement, mais sûrement, elle renaît de ses ruines et fait revivre avec elle le passé industriel florissant du Nord. La Villa Cavrois, joyau architectural à Croix, dans la métropole lilloise, retrouve son âme au fur à mesure qu’elle acquiert du mobilier, soit authentique, et donc présent entre les murs dès les années 1930, soit reproduit à l’identique.

 

Jeudi 8 septembre, ce sont trois nouveaux tapis, copies exactes des originaux, qui ont ainsi été présentés : ils ornent désormais le hall-salon, la salle à manger des parents et la salle à manger des enfants. Détails.



La Villa Cavrois, à Croix, retrouve peu à peu son essence d’origine, grâce à l’œuvre du Centre des monuments nationaux. (©MN/Lille actu)

 

La villa abandonnée, puis pillée

 

Ce « remeublement » est possible grâce au Centre des Monuments Nationaux, qui a trouvé en la fondation d’entreprise AG2R La Mondiale un précieux mécène. Ces trois tapis d’envergure, qui sont des « restitutions » – en architecture, comprenez des répliques, et non pas des originaux retournés à leurs propriétaires –, ont coûté une certaine somme. « À cinq chiffres », nous glisse Alexandre Pouliguen. Il est adjoint à l’administratrice de la Villa Cavrois, et raconte avec passion l’histoire du lieu si singulier.

 

Le parti pris d'origine, c'est de restituer le mobilier disparu, sur la base de photos. Pendant des années, après qu'elle eut été abandonnée, la Villa Cavrois a été squattée et pillée. Il y a la demande, de tout un public, de se réapproprier les lieux.

Alexandre Pouliguen, adjoint à l’administratrice de la Villa Cavrois.



Le relief, que l’on trouve en arrière-plan sur le mur, a été imaginé par un architecte contemporain. Il s’est inspiré de l’ornement d’origine, sur les photos. Voici le premier tapis restitué. (©MN/Lille actu)

 

Le « mobilier volant » (petits meubles légers, facilement déplaçables) a été en partie retrouvé lors d’une vente aux enchères à Monaco en 1986, puis dans d’autres, dont une récente à New York. Pour le reste, il faut trouver des alternatives. « Pour la salle à manger des parents, on savait qu’on ne pourrait pas retrouver la table d’origine intacte [la grande noire, sur la photo ci-dessous, NDLR], qui date des années 1940. Elle a été modifiée et dénaturée. Pareil pour le relief de la salle à manger des enfants [l’ornement sur le mur ci-dessus, NDLR], c’est un artiste contemporain qui s’est inspiré des photos de l’époque. »



La table noire a été reproduite, car l’originale a été dénaturée. Le tapis a été inauguré le 8 septembre. (©MN/Lille actu)

 

Des couleurs… à imaginer

 

Pour les nouveaux tapis, s’ils sont très fidèles à ceux acquis par les Cavrois, il y a tout de même « une inspiration », comme le confie Alexandre Pouliguen. Eh oui, comment en connaître les couleurs alors que tous les clichés de la bâtisse dans les années 1930 sont en noir et blanc ? L’important, dans le choix de ces coloris, étant de redonner aux pièces un « équilibre ». Au plus près de celui établi par l’architecte de la villa, le Franco-Belge Robert Mallet-Stevens.

 

Le chemin est encore long, avant d’atteindre un remeublement complet des innombrables pièces que compte le lieu. Mais le Centre des Monuments Nationaux veille à ce que le processus aille le plus vite possible, en cherchant les financements nécessaires. Cela fait maintenant 12 années qu’il travaille à la réhabilitation du lieu. Les plaques de marbre arrachées sur les murs sont un lointain souvenir, grâce à son œuvre, notamment.



Un meuble a fait son apparition dans la chambre jaune. Depuis l’ouverture du lieu au public en 2015, l’enrichissement des collections est perpétuel. (©MN/Lille actu)

 

Des collections enrichies chaque année

 

« Depuis qu’on a ouvert au public en 2015, on enrichit les collections quasiment chaque année », conclut Alexandre Pouliguen. Les tapis, l’imposante table noire, et une autre, plus modeste dans « la chambre jaune », en sont les preuves.

 

De quoi se sentir plus privilégié encore d’avoir accès à cette propriété d’exception.

 

Infos pratiques


Villa Cavrois, 60 avenue John-Fitzgerald-Kennedy à Croix. 

Ouvert tous les jours, de 10 h à 18 h, sauf le lundi. Réservation en ligne conseillée. Tarif individuel : 9,50 €.

La Villa Cavrois s’offre de nouvelles perspectives

Près de Lille, la Villa Cavrois s’offre de nouvelles perspectives

Le mercredi 26 février à Croix, près de Lille (Nord), la Villa Cavrois accueillait sa nouvelle administratrice. L'occasion de présenter sa nouvelle acquisition de meuble original.

Un article publié le 29 février 2020 dans actu.fr


En présence de Philippe Bélaval (au centre) et du maire de Croix Régis Cauche (à droite), la passation entre Jocelyn Bouraly et Carine Guimbard. (© Valentine Ulgu-Servant )

Le mercredi 26 février à la Villa Cavrois de Croix, près de Lille (Nord), les amoureux du lieu et de l’art étaient émus. Officiellement introduite par Philippe Bélaval, président du Centre des Monuments Nationaux (CMN), Carine Guimbard succède à Jocelyn Bouraly au poste d’Administratrice de la Villa Cavrois. L’ex-administrateur prendra ses fonctions à l’Hôtel de la Marine à Paris dès le mois de juillet, un haut-lieu de visite qui accueille aussi des restaurants et des bureaux.

Entre continuité et nouveaux horizons 

Pendant son discours de passation, Jocelyn Bouraly raconte son « coup de foudre et attachement certain à ce monument d’une pureté remarquable ». Il salue « la famille, la collectivité, les associations et les acteurs culturels » qui l’ont accompagné dans sa gestion du monument. Les membres de l’association des Amis de la Villa Cavrois le remercient chaleureusement.

Dans le souci de s’inscrire dans une certaine « continuité », le directeur du CMN s’est tourné vers Carine Guimbard. Cette artiste plasticienne connaît bien le métier d’administratrice, qu’elle a déjà exercé pendant près de quatre ans au château d’Oiron et dans les Yvelines, à la Villa Savoye - Le Corbusier.

La Villa Cavrois s'offre de nouvelles perspectives

Pour ses premiers mots en tant qu’administratrice officielle, Carine Guimbard exprime sa joie de « retrouver [ses] premières amours » pour la « délicatesse et la simplicité » des matériaux dans ce lieu. L’occasion pour elle de dévoiler sa « note d’intention » :
Je me suis demandée, dans le contexte sociétal actuel, quels artistes on va inviter à venir dialoguer avec l'œuvre totale qu’est la Villa Cavrois.
« J’ai commencé à structurer ma pensée sur cette notion de correspondance. Il y a aujourd’hui de jeunes créateurs qui se situent sur un axe entre l’architecture, le design et l’art. Je trouve très intéressants les travaux des créateurs tournés vers l’innovation, tournés vers des questions de société, d’environnement… D’ailleurs, le travail de Muller Van Severen a déjà une forme d’économie, de luxe dans la sobriété et la délicatesse. »

Monument national et rayonnement régional

Carine Guimbard portera les projets déjà prévus pour la Villa dans les prochaines semaines et notamment l’exposition consacrée au tandem de designers belges Muller Van Severen à partir du 17 mars 2020. Cet événement s’inscrit dans le cadre de Lille Métropole 2020, Capitale du Design.
Le partenariat avec le Théâtre du Nord sera aussi de retour à la Villa en mars, avec le programme « Monuments en Mouvement ». Cette année, une adaptation de l’œuvre de Jean-Luc Lagarce « Le Pays Lointain », dans une mise en scène de Christophe Rauck, est proposée le 11 mars. Philippe Bélaval le rappelle, la Villa Cavrois est une « grande maison de famille ». En permettant des prises de vue et des tournages (notamment celui d’un clip de Clara Luciani fin 2019), le monument participe au dynamisme culturel de toute la métropole.


Carine Guimbard succède à Jocelyn Bouraly en tant qu’administratrice de la Villa Cavrois, introduite par Philippe Bélaval. (© Valentine Ulgu-Servant)

L’occasion de se féliciter d’un cap symbolique : pour sa cinquième saison, la barre des 100 000 visiteurs a été franchie. Un succès auquel Carine Guimbard espère apporter sa touche personnelle.
Oui, la Villa Cavrois souhaite que tout le monde vienne la visiter, y fasse des expériences. On veut qu’elle soit le lieu de rencontres, de fabrication même ! 
« On a envie de travailler pour tout le monde. Aussi bien pour un public acquis d’amateurs, d’architectes, de passionnés, que pour des gens qui pourraient imaginer que ça n’est pas pour eux, pour les faire changer d’avis. On va s’appuyer sur des partenariats grâce au tissu qui existe déjà avec les structures d’art contemporain et les associations. Ça prendrait certainement la forme de rencontres autour de la création en invitant des artistes, des designers, des graphistes. On aimerait travailler auprès d’enfants et de familles pour qui c’est plus difficile d’accéder à la culture pour des raisons ou d’autres. »

Une nouvelle table et une Villa qui évolue 


La table de la chambre de jeune homme jaune, nouvelle acquisition de la Villa Cavrois. (© Valentine Ulgu-Servant)

Cette passation est aussi l’occasion de présenter une nouvelle acquisition du monument : la table de la chambre de jeune homme jaune. Acquise à la fin de l’année dans le commerce parisien, elle marque la seconde tranche d’aménagement au sein de la Villa. Il s’agit du meuble dessiné par Robert Mallet-Stevens, qui permet d’habiller la pièce et de s’imprégner de son aménagement original. Dans l’objectif que les visiteurs puissent percevoir chacune des salles uniques qui constituent la Villa, des reconstructions de meubles manquants et de tapis sont envisagées pour la première fois.

Valentine Ulgu-Servant

Après la rénovation, le remeublement





Des artisans d'art ont dû reconstituer des pièces à l'identique.

La Villa Cavrois, à Croix (Nord), conçue en 1932 par Robert Mallet-Stevens pour l'industriel roubaisien Paul Cavrois, est l'une des plus célèbres réalisations d'architecture et de décors modernes en France. Après le décès de Paul Cavrois en 1965, puis de son épouse en 1985, le site a failli être loti par le nouveau propriétaire, décidé à détruire cette bâtisse de 3 800 m2 avant qu'une association de sauvegarde ne la fasse classer en 1990. Mais la villa, abandonnée et pillée, s'est dégradée et l'Etat a dû se porter acquéreur en 2001, confiant au Centre des monuments historiques en 2008 la charge de la restaurer. Au terme d'un chantier de 23 millions d'euros, le site a rouvert en juin 2015 et déjà accueilli depuis plus de 220 000 visiteurs.


Pour remeubler ce joyau de l'Art déco, le CMN a acquis plusieurs pièces d'origine, de l'office au boudoir de Madame, du hall-salon au bureau de Monsieur, en scrutant des années durant les ventes aux enchères dans le monde. Mais il a aussi fait refabriquer des pièces à l'identique, notamment celles intégrées aux murs (placards de chambre...).

D'où une sélection d'artisans effectuée par Paul-Hervé Parsy, ex-administrateur de la villa. Le designer lyonnais Raphaël Armand a fait renaître les luminaires, les horloges, les baromètres, après des recherches menées en France, Belgique, Allemagne et aux Etats-Unis. Les Métalliers Lorrains, connus pour leur rénovation de la place Stanislas à Nancy en 1980, ont pris en charge la serrurerie, la ferronnerie, la vitrerie. Les Ateliers de la Chapelle, qui comptent 35 salariés dans le Choletais, ont reconstitué les décors, les menuiseries, les boiseries, ainsi qu'une partie du mobilier. Soit 10 000 heures de travail pour ses compagnons. On doit aussi à ces ateliers la restauration d'une partie de l'aile du mobilier XVIIIe au Louvre, celle des décors XVIIe et XVIIIe de l'hôtel de la Marine, ou de la galerie dorée de la Banque de France. Des vitrines qui leur ont valu d'être sollicités en Amérique, Allemagne, Suisse, Espagne et Arabie saoudite.

Martine Robert
24 février 2017