À l’occasion du centenaire de l’Exposition internationale des arts décoratifs de 1925, une exposition " 1925 en héritage ", en partenariat avec Les Manufactures nationales - Sèvres & Mobilier national, à la Villa Cavrois du 13 mai au 14 septembre 2025.
Le Centre des monuments nationaux et les Manufactures nationales - Sèvres & Mobilier national s’associent à l’occasion de la célébration du centenaire de l’Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes de Paris en 1925, événement emblématique qui a marqué l’histoire de l’architecture et des arts décoratifs en France et dans le monde. Reflet d’un bouillonnement créatif d’une société d’après-guerre en pleine transformation.
Une exposition alors tremplin pour le style Art déco qui marquera la décennie, explorant de nouvelles approches architecturales, urbaines et décoratives en dialogue étroit avec la nature. En hommage à cette époque visionnaire, la Villa Cavrois présente quelques chefs-d’œuvre de mobilier et de céramique des années 1920-1930, illustrant le contraste avec l’architecture et le mobilier de Robert Mallet-Stevens, qui, lui aussi, à travers ses réalisations, aimait jouer avec la relation entre nature et architecture.
La Villa Cavrois mets donc en lumière l’héritage et les apports de l’Exposition internationale au mouvement Art déco, aux prémices de l’architecture moderne dans la création de la seconde partie des années 1920, Robert Mallet-Stevens ayant lui-même été présent à cette exposition en 1925.
Sont présentés au public et intégrés au mobilier de la Villa Cavrois une série de vases de la Manufacture nationale de Sèvres réalisés par de grands noms du mouvement tels que Jacques-Émile Ruhlmann, Luc Lanel, Émile Decoeur et Maurice Daurat, mais aussi des sièges de Paul Follot en tapisserie et un tapis de Paul Hannotin réalisés à la Manufacture nationale de Beauvais.
Clichés de Jacques Desbarbieux © Amis de la Villa Cavrois
Le mardi 13 mai 2025 à l'occasion du vernissage
Le Hall-salon
Non attribué
Vase (1911-1944) Porcelaine de Sèvres, céramique
Ce vase non-attribué en porcelaine de Sèvres épouse une forme boule pansue à col vertical et lèvre évasée. Son décor gravé d’étoiles de mer et d’algues sur fond céladon émaillé révèle une esthétique organique et marine typique de l’époque Art déco. Ces influences maritimes sont également visibles dans l’architecture de Robert Mallet-Stevens : les enceintes faisant écho aux hublots d’un paquebot ou encore ses terrasses extérieures et garde-corps rappelant des ponts de bateau.
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Maurice Modeste Herbillon (1888-1955)
Vase (1911-1944) Grès, Céramique
Le vase présente une forme boule élégante en grès de Sèvres, à col uni en doucine, mouchetée de gris et ornée d’une frise de feuilles modelées à l’émail verdâtre et irisé. La composition décorative est réalisée par Maurice Herbillon, la sculpture par Jules Devicq.
Décorateur à la Manufacture de Sèvres de 1901 à 1941, Maurice Modeste Herbillon est un céramiste français reconnu pour ses vases et objets décoratifs. Influencé par l’Art Déco, il se distingue par l’harmonie de ses formes géométriques et l’utilisation de couleurs vibrantes. Ses vases, alliant modernité et tradition, témoignent d’une maîtrise technique exceptionnelle et d’un sens aigu de l’esthétique.
Émile Decoeur (1876-1953)
Vase (1911-1944) Grès, Céramique
Le vase de forme boule à col épais en grès flammé bleu foncé séduit par sa simplicité. Sa partie basse striée est vernissée de bleu moucheté, lui donnant un certain aspect métallisé ; une esthétique rappelant la matérialité des interrupteurs, le piètement des lampes ou encore des cache-radiateurs.
Maître céramiste français, Émile Decoeur se forme auprès d’Edmond Delachenal et développe un style sobre influencé par l’Art nouveau et le japonisme. En 1919, il rejoint le « Nouveau Groupe » d’Émile Lenoble et s’impose parmi les grands des arts du feu, tandis qu’en 1922, le Musée des Arts Décoratifs lui consacre une rétrospective. En 1927, il invente une pâte entre grès et porcelaine, recherchant un « art pur ». Son style, inspiré des potiers orientaux, se dépouille. Il reste actif dans les grands Salons jusqu’à la guerre. Nommé conseiller artistique à Sèvres en 1942, il suspend son activité par refus de collaborer, puis reprend ses recherches jusqu’à sa mort.
Anne-Marie Fontaine (1900-1938)
Jacques-Émile Ruhlmann (1879 - 1933)
Vase (1911-1944) Porcelaine de Sèvres
En porcelaine de Sèvres, ce vase mêle l’élégance d’une silhouette de forme conique au col évasé à un décor de paysage romantique où sont dépeints des arbres, un pont et une calèche. Le mouvement courbe des collines entrelacées évoque l’ondulation des motifs du marbre vert de Suède tapissant les murs et sol de la salle à manger des parents.
Décorateur français majeur du style Art déco, Jacques-Émile Ruhlmann se distingue par ses créations raffinées, inspirées du néo-classicisme. Utilisant des matériaux précieux comme l’ivoire, l’ébène et le bronze, ses meubles s’adressent à une clientèle fortunée. Reconnu notamment en 1925, pour l’Hôtel du Collectionneur à l’Exposition internationale, il interviendra sur les décors de lieux prestigieux comme le Palais de l’Élysée.
André Plantard
Pot Gensoli - n° 1 (1935) Grès de Sèvres
Le Pot Gensoli n°1 se distingue par sa simplicité fonctionnelle et son design minimaliste grâce à un petit couvercle. Son esthétique repose sur le contraste créé entre les représentations d’oiseaux bleu clair et poissons roses et son fond noir. Le traitement des motifs animaliers évoque un style japonisant faisant écho à celui présent dans le mobilier de la salle à manger des parents, en particulier dans le détail des poignées métalliques et son aspect noirci et laqué.
André Plantard est actif entre 1925 et 1975, période durant laquelle il est directeur du département décoration à la Manufacture nationale de Sèvres. Il y est d’ailleurs peintre de 1925 à 1969.
Jacques-Émile Ruhlmann (1879 - 1933)
Lucienne Né
Vase Ruhlmann - n° 2 (1933) Porcelaine de Sèvres
De même forme que le vase co-produit avec Anne-Marie Fontaine, celui-ci provient d’une collaboration avec une autre artiste femme, Lucienne Né, décoratrice à Sèvres de 1919 à 1928 ; elle fournit des décors jusque 1932.
Sa silhouette en cloche renversée sur un piédouche en bronze patiné noir confirme l’influence du style de Ruhlmann. Il présente un décor bien moins figuratif que le premier, entièrement décoré de motifs géométriques sur deux registres horizontaux, parfaitement raccord avec la trame des cache-radiateurs de la pièce.
Edmond Lachenal (1855-1948)
Vase (1911-1944) Faïence
Pièce unique, ce vase de forme boule à décor géométrique est sculpté dans une faïence rehaussée de dorures. Ses teintes brunes s’harmonisent avec l’essence de zingana, bois exotique retenu par l’architecte pour la salle à manger des enfants.
Artiste français, Edmond Lachenal est pionnier du renouveau de la céramique à la fin du XIXe siècle. Il se distingue par ses innovations dans les procédés de fabrication et les formes qu’il façonne. En 1881, il fonde son propre atelier avec la céramiste Anna Le Ciorec, où il crée des pièces inspirées des traditions de la céramique de Rhodes, Isnik et Kapatcha. Ses œuvres, caractérisées par des couleurs vives et un style Art nouveau, rencontrent à cette époque, un
grand succès.
Anne-Marie Fontaine (1900-1938)
Coupe Fontaine - n° 3 (1932) Porcelaine de Sèvres
De forme saladier, la coupe Fontaine n°3 présente des côtes plates festonnées à son bord. Dorées à l’extérieur en partie basse et dégradées en bleu et violine en partie haute, ses décors intérieurs représentent des feuilles stylisées bleues sur fond blanc, alternées de vieux rose sur fond moucheté. Une petite étoile de filets or apparaît au centre.
Son design raffiné dévoile la sensibilité artistique d’Anne-Marie Fontaine et la place croissante des femmes dans ce métier. Céramiste et peintre française, Anne-Marie Fontaine est l’une des principales représentantes en céramique du mouvement Art déco. Elle se forme à l’École des arts décoratifs jusqu’en 1920, avant de travailler comme décoratrice à la Manufacture de Sèvres entre 1928 et 1938. Au début des années 1930, elle prend notamment part à la première édition du service Daurat pour David David-Weill.
Louis Delachenal (1897-1966)
Vase Delachenal - n° 86 (1933) Grès de Sèvres
De forme allongée à col droit et aux teintes vert d’eau, le vase est orné de fines stries horizontales. Sa couleur acidulée se marie parfaitement avec les reflets du ciel visibles sur la faïence émaillée des murs de la cuisine de la Villa Cavrois, laissant imaginer la vaisselle que devait accueillir les différents plans de travail en marbre blanc de Carrare.
Maurice Daurat (1880-1969)
Vase Daurat - n° 3 (1937) Porcelaine de Sèvres, céramique
En contraste, le vase de Maurice Daurat, en porcelaine fine de Sèvres, présente une scène délicate de “ coureurs en forêt ” , mettant en valeur sa recherche de pureté formelle et son talent de décorateur. Les quelques nuages font écho à la couleur bleue présente dans la pièce, résolument associée à la féminité à cette époque. De forme cylindrique à bord évasé et piédouche uni, il mêle savoir-faire artisanal et modernité stylistique, tout comme le travail de design de Robert Mallet-Stevens sur les meubles plaqués de sycomore.
Maurice Daurat est un orfèvre français qui réhabilite le métal comme matériau artistique à part entière. Révélé lors de l’Exposition des Arts décoratifs de 1925, il se distingue par des formes simples et épurées, soutenu par un mécène entre 1927 et 1930. Son travail reçoit une reconnaissance durable, couronnée par un Grand Prix d’honneur au Salon des Artistes Décorateurs en 1949.
Luc Lanel (1893-1965)
Vase (1937) Grès, céramique
Le vase en grès chamotté de couleur gris se distingue par sa matière brute et ses aspérités texturées. Ses anses légèrement décalées lui confèrent une esthétique moderne. Ses lignes courbes s’inscrivent parfaitement dans l’esprit enveloppant du boudoir, pièce de repos et de loisirs créatifs où pouvait s’isoler Lucie Cavrois.
Luc Lanel est un designer et décorateur français, connu pour ses créations Art déco en orfèvrerie chez Christofle, présentées dès 1925. Dans les années 1920, il débute une collaboration artistique avec sa femme Marjolaine autour de la céramique. Après 1946, ils se consacrent pleinement à cette discipline, réalisant des œuvres originales pour des lieux prestigieux comme des églises, des paquebots et l’Élysée.
Louis Delachenal (1897-1966)
Vase (1911-1944) Grès, céramique
Les deux vases exposés dans la chambre des parents témoignent de l’évolution de la céramique à la Manufacture de Sèvres au XXe siècle. Le vase de Louis Delachenal, avec son vase en grès vert Nil, privilégie des formes organiques et des sillons inspirés de la vannerie. Son esthétique s’harmonise avec la matérialité retenue pour cette pièce : l’essence de palmier et ses veines texturées. L’aspect sombre du vase brun verdâtre rappelle également le contraste choisi par l’architecte dans les éléments métalliques en laiton noirci.
Maurice Gensoli (1892-1972)
Vase (1945-1955) Grès de Sèvres
Le vase en grès de Sèvres de couleur beige présente des tâches mouchetés claires. Sa teinte lumineuse rappelle la clarté des satins tapissés sur les assises et recouvrant le lit parental. La nuance beige retenue pour le couple Cavrois apporte une certaine élégance et pureté résolument luxueuse à cette suite parentale.
Maurice Gensoli est un artiste décorateur formé aux arts du feu, actif à la Manufacture de Sèvres dès 1921. Il crée des œuvres inspirées de la nature et de la mythologie, aux teintes subtiles, et collabore avec Ruhlmann et les frères Martel. Il réalise aussi des décors monumentaux pour les paquebots Normandie et Liberté.
Paul Follot (1877-1942)
Fauteuils et Chaises - Beauvais Follot (1911-1944) Bois peint, textile
Le salon Follot composé de deux chaises et deux fauteuils tapissés de Beauvais est un ensemble raffiné conçu par Paul Follot. Les motifs floraux ornementés et les formes galbées évoquent un esprit théâtral parfaitement associée à la salle de jeux de la Villa Cavrois. Pièce à la fois studieuse et ludique où pouvaient s’amuser les enfants de la famille Cavrois, la salle de jeu leur donnait l’opportunité de proposer de véritables spectacles dans une ambiance propice à la représentation : le textile cirée de couleur rouge foncé et tendu sur les murs apporte une acoustique optimale, le double-niveau fait office de scène tandis que la tringle métallique permet la suspension de tissus et l’illusion de rideaux tombants.
Artiste décorateur et ensemblier parisien, Paul Follot se forme auprès d’Eugène Grasset. Initialement influencé par l’Art nouveau, il adopte un style plus aristocratique inspiré de Louis XVI et de l’Empire. Son travail se distingue par la légèreté des formes, l’utilisation de matériaux précieux comme le bois exotique et l’or, et une grande attention à la qualité de ses œuvres.
Paul Hannotin (1861-1927)
Tapis velours (1926) Laine
Ornementé d’un florilège de motifs végétaux, le tapis en velours confirme l’élégance décorative de Paul Hannotin. Ode à la nature, le tapis figure différentes variétés de fleurs, notamment des tournesols et des roses, ainsi que des papillons noirs survolant des vagues de couleur bleu ciel. De la même manière que l’œuvre tissée invite à admirer ce paysage décoratif, Robert Mallet-Stevens intègre une fenêtre en longueur signature des fondements de l’architecture moderne et offre depuis les bureaux des jeunes enfants, une vue panoramique sur le “ rideau de verdure ” qu’incarne le jardin.
Designer et créateur de tapis français, Paul Hannotin est reconnu pour ses contributions à l’Art déco. Travaillant avec des matériaux nobles et des motifs géométriques, il allie élégance et innovation. Ses créations, marquées par une grande maîtrise technique, reflètent son sens aigu de l’harmonie et de la modernité.
