Le château moderne de Croix

 


Durant l'été 2022, la chaîne de télévision BFM, a publié un reportage sur la Villa Cavrois, le château moderne de Croix.


Épisode de votre série cet été dans le nord, ce soir Clément Polyn vous emmène découvrir la Villa Cavrois, ça se passe à Croix. C’est une villa des années 30 connue pour son architecture bien particulière. 



CP : Je descends un escalier en marbre à l’histoire vieille de près d’un siècle. Autour de moi une vingtaine de pièces à découvrir dans le pur style des années 30, et surtout un monument national en plein cœur de Croix. Bienvenue à la Villa Cavrois.





CP : On arrive dans la salle à manger des parents tout en marbre de Suède. Donc là on voit la table et les tapis qui viennent d’arriver en 2022 qui ont été restitués à l’identique sur la base des photos qu’on avait pu avoir. 




CP : Alexandre Pouliguen vous êtes donc adjoint à l’administratif de la Villa Cavrois, celle qui se tient justement derrière nous et pour quelqu’un qui comme moi la découvre pour la première fois forcément je suis marqué par cette architecture très particulière. C’est quel style exactement ?

AP : L’architecture moderniste en fait, là on est au fond du parc on voit bien la façade sud avec ses volumes qui se découpent. On est à la fois sur un héritage d’architecture classique en fait parce qu'on a ce bâtiment central avec ses 2 ailes de chaque côté dans la symétrie d’un miroir d'eau. Donc c’est à la fois très classique évidemment quand on voit l’édifice on voit bien que c’est très moderne.


CP : Oui effectivement un style qui détonne dans le paysage de Croix, de Roubaix et qui est surtout intemporel même si la maison est apparue autour des années 20-30, si je ne me trompe pas ?



AP : Construction entre 29 et 32, tout à fait. Et c’est vrai, qu'en fait, c’est étonnant cet édifice ici en plein milieu de Croix sur la colline de Beaumont. Il faut comprendre qu’en fait les Cavrois, ce couple industriel dans le textile roubaisien, décide en 1923 de quitter Roubaix, de quitter la pollution, de quitter les usines et s’installe au vert, en fait, ici. En 1923, c’est un parc, c’est une grande prairie. Ils achètent ce terrain et ils décident de construire une maison. Au départ, on est sur un projet, qui est un projet de grosse bâtisse néo-normande. C’est ce qui se fait à l’époque, en fait. Et puis il y a cette rencontre, cette rencontre complètement improbable entre cet industriel roubaisien et l’architecte Robert Mallet-Stevens. Et çà se passe au salon des arts déco en 1925.





CP : Et cette villa qui voilà aussi marque pas mal de sa présence. On a combien de m2 à l'intérieur de cette maison ?



AP : Alors 1 800 m2 habitable, il y a évidemment de nombreuses chambres, parce que c'est une famille qui avait quand de même 6 enfants à loger, et puis il y avait des domestiques. En fait, c'est vrai qu'on a tendance à se projeter dans cette maison, parce qu'en fait une cuisine c'est une cuisine, un salon c'est un salon. Et on a envie de s'y projeter, on a presque envie d'y vivre. Mais il devaient avoir un style de vie très différent du notre. Il faut imaginer quand même 6 domestiques à domicile. Avec l'aile des enfants, la salle à manger des enfants. Donc une partition des espaces qui finalement est également assez classique aussi dans la distribution, c'est à dire une aile privée et une aile publique, des espaces de réception. C'est un château, en fait, c'est un château moderne.







Visiteuse 1 : En fait, on est en week-end sur Lille et évidemment c'était vraiment un monument incontournable à voir avant de repartir.


Visiteuse 2 : J'avais pas encore fait attention à la taille des plafonds, mais voilà, de grands espaces. C'est très bien, très très bien pensé pour l'époque.


Visiteur 1 : Je suis architecte. Donc pendant toutes mes études d'architecture et puis même maintenant j'emmène mes collègues belges pour visiter aussi, leur faire découvrir l'architecture lilloise.




CP : Maintenant on se retrouve dans une pièce emblématique selon vous, j'ai envie de dire, l'une des salles de bains de la Villa Cavrois. On se trouve d'ailleurs ici avec beaucoup de marbre autour de nous.






AP : On se trouve en effet dans la salle de bain de Monsieur et Madame Cavrois. Donc, on est dans l'aile des parents, l'aile qui leur était réservée. Ici beaucoup de marbre, en fait, en effet avec une douche avec des jets multiples, avec une baignoire, avec un bidet. Il y a des bidets partout. On est vraiment dans une architecture hygiéniste, en fait. Ce projet des Cavrois de sortir de la pollution de Roubaix, çà s'accompagne par une proposition de l'architecte d'une vie moderne. Et la vie moderne, c'est une vie de pleine santé.


CP : C'est ce côté très épuré, en fait, de la maison, en fait, qui resort au delà de son aspect années 30 très particulier.



AP : Oui c'est l'air, c'est la lumière. C'est vraiment un programme de la vie moderne que l'architecte propose à la famille Cavrois. Alors, la modernité de la maison, elle passe évidemment par ces éléments, mais aussi par une modernité technique. En fait, on est dans la maison connectée, mais en 1932. Cela veut dire quoi ? Cela veut dire qu'il y a un ascenseur, cela veut dire qu'il y a tout un système de haut-parleurs dans les pièces de vie qui permettait de passer la T.S.F. Il y a toutes les horloges qui sont incrustées dans la maçonnerie, tout le système électrique derrière est dans la maçonnerie. 




CP : Si vous deviez citer 2 ou 3 endroits qui sont tout aussi marquants que la pièce où l'on se trouve actuellement ici.


AP : Ah bien, il y a le grand salon qui est quand même la pièce d'apparat, en attente de réception, évidemment avec le marbre de Sienne. La salle à manger est juste magnifique tout en marbre de Suède, pour le coup en marbre vert. Et puis je pense qu'il faut pas oublier tout le sous-sol. Le sous-sol c'est évidemment une autre ambiance mais la salle des machines, c'est à dire, en fait la chaudière elle est impressionnante parce qu'on se rend compte de ce que çà pouvait représenter de chauffer une bâtisse de 1 800 m2. 





CP : C'est une véritable usine, en fait à gérer, en fait, quand on voit la taille de cet endroit.

AP : C'est une véritable usine, oui, mais voilà on est dans la maison d'un capitaine d'industrie, dont les usines étaient à Roubaix.



CP : Aujourd'hui justement les visiteurs on peut les quantifier chaque mois, chaque année, ceux qui viennent ?

AP : Bon évidemment, chaque année est un peu différente, surtout depuis ces deux dernières années. Mais en gros, on est à 100 000 visiteurs par an. Ce qui pour un lieu comme çà est tout à fait honorable. On est ravi.

CP : Et aujourd'hui est-ce qu'il y a des expositions peut-être particulières à l'intérieur, des événements que les visiteurs pourront voir dans les prochains mois peut-être ?

AP : Tout à fait, en fait régulièrement. On essaye toujours de ne pas dénaturer le lieu. C'est toujours un équilibre à trouver. Mais on a des expositions, là en ce moment, on a quelque chose qu'on présente autour d'Utopia avec Lille 3000 et puis à partir d'octobre on aura un projet de design. Donc on est sur des projets qui viennent éclairer aussi les questions d'architecture, de design. Voilà.



CP : La visite est terminée, mais la Villa Cavrois se découvre autant dans ses grandes œuvres que dans ses petits détails. Il faudra donc revenir et çà tombe bien c'est possible pendant toute l'année et gratuit pour les moins de 25 ans.