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Qui était Paul Cavrois ?



L'acte de naissance de Paul Auguste Marie Joseph Cavrois, n° 2 538, avec la mention en marge de son décès à Ville d'Avray en Seine et Oise, le 10 octobre 1965. Ce document a été transcrit le lendemain de sa venue au monde le 29 août 1890.


Paul Cavrois était né le 29 août 1890 à Roubaix, son père était lui-même industriel textile filateur. Il s'était marié à la sortie de la première guerre mondiale, le 16 septembre 1919, avec Lucie Louise Vanoutryve.

Son épouse était née, le 8 août 1891, également à Roubaix. Elle avait été précédemment mariée le 23 avril 1910 à Jean-Baptiste Léon Cavrois, lui-même né à Roubaix le 19 mars 1888, et qui décédera à Sirkovo en Serbie à l'âge de 27 ans, le 9 novembre 1915. 

C'est après son mariage, avec la veuve de son frère Jean-Baptiste décédé à la guerre, que Paul Cavrois intégrera véritablement l'entreprise jusqu'à son décès qui surviendra en 1965.

Lucie Cavrois Vanoutryve a eu 3 enfants de son premier mariage avec Jean-Baptiste Cavrois. Jean-Baptiste prénommé comme son père - comme souvent pour l'aîné - vient au monde 18 février 1911, sa sœur Geneviève nait le 12 juillet 1912, et son frère Michel le 1er novembre 1914.

Elle aura 4 autres enfants avec Paul Cavrois. Paul (junior) né le 15 juillet 1920, Françis né le 30 novembre 1921 et les jumelles Anette et Brigitte, nées le 30 mai 1923.






La famille Cavrois sur la plage de Cabourg

La photo ci-dessus nous a été aimablement communiqué par Bénédicte Cavrois, une petite fille de Paul, par alliance. Son père est Jean-Baptiste Cavrois, le fils aîné de Paul et Lucie. On la voit, âgée de 9 ans, avec les lunettes de soleil, devant ses grands parents (Paul et Lucie) sur la plage de Cabourg.  Bénédicte vit à Barcelone avec son mari Pedro Socias. Le couple, s'est mariée, en 1968. Une fille est née de cette union, Carlota qui est ... architecte ! Celle-ci est venue sur le chantier de restauration de la Villa Cavrois en 2006 comme le relate la Voix du Nord du 18 août 2006 (voir l'article dans la revue de presse de l'ASVC).


La dernière photographie de Paul Cavrois, âgé de 76 ans, prise l'année de sa disparition en 1965. Ce document issu d'archives familiales, © Pascal Bourlart, a été utilisé pour illustrer le faire part de décès ci-dessous. 


Paul Cavrois sur son faire part de décès survenu le 10 octobre 1965


© Photographies archives familiales

Le monument funéraire








La rencontre entre Robert Mallet-Stevens et Paul Cavrois

On sait que Paul Cavrois qui cherchait à construire une habitation pour loger sa famille avait acquis un terrain sur les hauteurs de Beaumont. Progressivement la superficie va être étendue avec de nouveaux achats.

Le projet qui est conçu fait appel à Jacques Greber, un architecte reconnu, qui établit des plans. L'image est celle d'une construction assez classique pour l'époque.


Le projet de Jacques Greber pour la Villa Cavrois



Pourquoi et comment ce premier projet de Jacques Greber, pour la Villa Cavrois, est-il abandonné ?

C'est certainement suite à la première rencontre avec Robert Mallet-Stevens que Paul Cavrois change d'avis. Il faut admirer son côté précurseur quand on compare les deux maisons.



L'histoire retient que c'est en voyant la maquette du pavillon de l'aéro-club que Paul Cavrois a eu cette idée. Cette maquette avait été conçue en 1922. On sait que Paul Cavrois avait eu l'opportunité d'aller visiter l'exposition des Arts Décoratifs à Paris en 1925. Le pavillon des industries textiles de Roubaix Tourcoing qui était présent, et qu'il serait allé voir à juste titre, avait juste devant son entrée les arbres cubiques des frères Martel. Paul Cavrois a certainement vu ces réalisations ainsi que le pavillon du Tourisme. 



Ci-dessus : le Pavillon du Tourisme de Robert Mallet-Stevens, en 1925, à l'Exposition des Arts Décoratifs à Paris et ci-dessous : le pavillon des industries textiles de Roubaix Tourcoing à l'Exposition des Arts Décoratifs de 1925 à Paris, avec les arbres cubistes des frères Martel.





Le choc entre ces constructions et leur environnement a sans doute était le même pour l'industriel textile que celui que l'on peut éprouver maintenant en juxtaposant les plans de la Villa Cavrois d'après Jacques Greber ou Robert Mallet-Stevens.

On sait aussi que Paul Cavrois avait auparavant accompagné l’architecte lors de voyages à Bruxelles pour découvrir le Palais Stoclet (photo ci-dessous), conçu par Joseph Hoffman pour son oncle, et à Hilversum en Hollande pour examiner l’hôtel de ville, dessiné par Wilem Marinus Dudok (1884-1974), qui sera une source majeure d’inspiration pour la villa Cavrois.



Robert Mallet-Stevens esquisse en 1929 les premiers dessins et conçoit une œuvre d’art totale, pensée comme un manifeste de ses préoccupations tant esthétiques que techniques. Paul Cavrois lui donne son accord pour travailler dans cet esprit moderniste et géométrique, et pour utiliser des briques de parement jaunes. Si la brique jaune reste un matériau traditionnel de la région et de l’Europe du Nord, sa mise en œuvre dans ce contexte est originale et audacieuse. Elles seront spécialement fabriquées pour la villa.


Mallet-Stevens apporte un grand soin aux matériaux intérieurs, à l’image de ceux du palais Stoclet, Paul Cavrois suit attentivement le chantier et son évolution économique.


Les proportions de la Villa Cavrois sont imposantes – près de 60 mètres de long, 3 800 m2 de surface de planchers dont près de 1 800 m2 de pièces habitables et 830 m2 de terrasses – organisées selon les principes d’axialité et de symétrie des châteaux du XVIIe siècle.

La villa et son parc s’inscrivent dans une organisation spatiale très contrôlée, qui correspond à un important travail sur les proportions, et qui aboutit à la définition d’un « tracé régulateur. » En effet, les dimensions d’une plaquette de brique jaune extérieure constituent les mesures de référence de toute la villa (hauteur / largeur / longueur). La mise en œuvre de ces briques de parement obéit à un protocole rigoureux : les joints horizontaux sont peints en noir, les joints verticaux sont traités de manière à ne pas être visibles.


La villa est achevée pour le mariage de Geneviève (photo ci-dessous), la fille de Jean Cavrois, qui a lieu le 5 juillet 1932, occasion unique de l'inaugurer. 


Elle concentre toutes les technologies avancées de l’époque et constitue un choc esthétique, dont les effets sont encore perceptibles. Elle représente la création la plus aboutie de Mallet-Stevens, reposant sur la grande confiance que lui avait accordée son commanditaire. 


Le concept de la villa est en soi passionnant car il s’agit d’une œuvre de transition entre l’architecture résidentielle traditionnelle et l’architecture moderne véhiculée par l'Union des Artistes Modernes (UAM).



Ci-dessus : l'entrée de la 3ème exposition de l'Union des Artistes modernes en 1932, l'année de la livraison de la Villa Cavrois (Négatif plaque de verre - Les Arts Décoratifs, photothèque, Paris)