Art Nouveau et Art Déco


Formes géométriques, pures et dynamiques : le style Art Déco (1919-1940) se caractérise par son attractivité et sa vivacité.

Né de l’impulsion des créateurs français tels que les architectes Henri Sauvage, Robert Mallet-Stevens, Pierre Patout, les décorateurs André Véra, Louis Süe, André Mare et Jacques-Émile Ruhlmann, le couturier Paul Poiret ou encore le sculpteur François Pompon, il est le fruit d’une vision d’ensemble émanant de champs artistiques variés.


Le pavillon du tourisme de Robert Mallet-Stevens, lors de l'Exposition des Arts Décoratifs à Paris en 1925, côtoie l'arbre des frères Martell, dans cette présentation de l'Art Déco séduit le monde


L’exposition " Art Déco " est la première depuis 1975 à rendre hommage à cette esthétique qui a su unir des créateurs du monde entier. Cette rétrospective de référence aborde avec détails l’Exposition internationale de 1925 et la diffusion mondiale de ce style à la popularité pérenne. Dans un premier temps, elle revient de manière didactique sur la distinction entre Art Nouveau et Art Déco.




Extrait paru dans Le Figaro

On ne pouvait rêver plus bel écrin que le Palais de Chaillot, chef-d'œuvre de l'architecture Art Déco, pour présenter la première rétrospective française autour de ce courant esthétique qui a permis à Paris de séduire le monde. La dernière en date remonte à 1975 au Musée des arts décoratifs ! C'est dire le mépris de nos institutions culturelles pour cet élan créatif majeur dont le succès tient à la réunion des meilleurs talents. Architectes, sculpteurs, maîtres verriers, décorateurs et même couturiers ont su insuffler un esprit unique à une époque. À l'entrée de l'exposition, le portrait de groupe issu de la famille de l'architecte Albert Laprade, en est le parfait symbole. Il est représenté au centre de la toile avec son confrère Basin, le sculpteur Janniot, le peintre Bouquet au côté de son modèle Josépha, à la peau d'ébène.

L'année 1925 est une date historique. Celle de la grande Exposition internationale des arts décoratifs et industriels sur l'esplanade des Invalides. Elle est l'illustration d'une gloire retrouvée que la crise de 1929 ne réussira pas à briser. Jamais l'émulation ne sera aussi grande ! Malgré les critiques, cette exposition a eu un retentissement considérable en termes d'images, avec ses pavillons les plus insensés montrant bien une volonté de production, de diffusion et de conquête des marchés.

L'excellence hexagonale

La Cité fait la part belle à ces architectures éphémères, parfois hollywoodiennes, construites pour les grands magasins du Louvre, les Galeries Lafayette, le Printemps ou le Bon Marché, dont la ligne est dirigée par Paul Follot, l'homme des paquebots Lusitania, Héliopolis et Queen Mary. Le pavillon de l'ambassade française porte l'ambition de montrer l'excellence hexagonale en faisant appel aux plus grands noms de la décoration, notamment Jacques-Émile Ruhlmann, qui présente, à ses frais, le fameux Hôtel du Collectionneur. Il en reste quelques jolis vestiges, comme cette tasse à café d'une incroyable pureté de lignes rééditée, en 2007, par Sèvres.

Sur 1 100 m2, l'exposition de la Cité de l'architecture démontre les clés du succès international de ce style Art Déco, dans une suite de séquences thématiques donnant plus de place à l'image qu'aux objets. Hormis quelques prêts majeurs comme le meuble Élysées de Ruhlmann, venant du Mobilier national, ou la grande fresque de Jean Dupas, issue de la mairie de Bordeaux, on voit surtout des dessins du fonds de la Cité de l'architecture.

À l'aise dans son sujet pour avoir dirigé le Musée Landowski à Boulogne-Billancourt, le commissaire Emmanuel Bréon a fait des prouesses avec un budget plus que limité. Une belle typographie 1925-1930 rend le parcours ludique. Il débute avec la « femme moderne », cette garçonne qui fume, conduit, pilote des avions et porte les robes osées des meilleurs couturiers. Plus qu'une date, 1925 est un état d'esprit. Ce parfum des Années folles succédant à la Belle Époque flotte un peu partout en Europe mais aussi au Japon, aux États-Unis, en Chine, en Australie, en Afrique du Nord ou au Brésil. Il y a plein de recherches en perspective et de lieux à redécouvrir comme l'ambassade de France à Belgrade, commandée, en 1924, à Roger-Henri Expert. Avec son mobilier d'origine de Jules Leleu et Raymond Subes, elle est un de nos plus beaux joyaux de l'Art Déco.

La Cité de l'architecture, 1, place du Trocadéro (XVIe). Cette exposition s'est terminée le 17 février 2014.



Prévue dès 1906 par des décorateurs soucieux de réagir contre le style 1900 (l'Art nouveau), retardée par la guerre, cette exposition vit deux courants s'affronter, tous deux influencés plus ou moins par le fauvisme, les Ballets russes, l'art nègre, le cubisme, etc. Le premier courant, majoritaire, était plutôt traditionaliste ; il représente ce que l'on a appelé par la suite le style « Art Déco ». Goût de la ligne droite, interprétation moderniste des formes de la nature, simplicité, mais aussi fidélité à une tradition française élégante en sont les caractères principaux. Les grands décorateurs Ruhlmann, Dufrène, Iribe, Paul Follot, André Mare et Louis Süe, etc., créent ou dessinent, surtout pour une clientèle privilégiée, des meubles aux lignes franches et aux matières contrastées précieuses. L'opposition des surfaces et des couleurs, le goût des motifs géométriques font l'originalité de la production des céramistes, verriers, orfèvres, qui travaillent de façon soit artisanale (Decœur, Décorchemont…), soit semi-industrielle (Haviland, manufacture de Sèvres, Baccarat, Daum, Lalique, Christofle…).

Le second courant, au sein de l'exposition de 1925, était plus soucieux des réalités sociales et techniques et visait à une symbiose avec l'industrie (pavillon de l'Esprit nouveau de Le Corbusier, qui voit la maison comme une « machine à habiter »), se rapprochant ainsi du Stijl hollandais et du Bauhaus allemand. Parmi les représentants de cette tendance, la plupart allaient se retrouver en 1930 pour fonder l'Union des artistes modernes (Francis Jourdain, Chareau, Herbst, Eileen Gray).


Contraste du pavillon du tourisme de Robert Mallet-Stevens face au stand de l'Intransigeant et au Grand Palais