Bleu de travail


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La manifestation aura lieu à huit clos









Olivier Muzellec et Franck Larère, les deux chevilles ouvrières du Non Lieu, proposent en pré-ouverture des Journées Européennes du Patrimoine une journée d'étude consacrée au bleu de travail.

Résistant à l’usure et aux multiples lavages, pratique, d’une coupe simple et fonctionnelle, bon marché, il est devenu, depuis le XIXème siècle et la révolution industrielle, l’indispensable vêtement de l’ouvrier et du travailleur manuel.

A un point tel que la silhouette qu’il détermine, la toile de coton qui le constitue et bien sûr, la couleur, ce bleu, ou plutôt ces bleus, car il y a des nuances selon l’époque, la toile, l’origine et surtout le degré d’usure, sont à elles seules devenues des indicateurs sociologiques, elles incarnent la classe laborieuse toute entière.

Pourtant déjà en 68, puis dans les années 70, et surtout ces derniers temps, d’autres catégories socioprofessionnelles se sont emparées de cette icône et revendiquent une appropriation qui fait encore débat : étudiants-grèvistes exprimant leur solidarité par un mimétisme vestimentaire, intellectuels affichant une proximité de classe, et l’idéologie supposée associée, esthètes minimalistes séduits par la simplicité intemporelle, urbains branchés adeptes de la cool-attitude, militants décroissants de la slow fashion,...

Cette dispersion dans l’usage créée-t-elle une confusion dans l’identité vestimentaire ? Alors que la classe ouvrière tend à disparaître, peut-on légitimement être encore fier de cet étendard bleu dont le sens n’est plus si clair ?

Leur démarche se veut avant tout un hommage :
► aux anciens qui ont créé, fabriqué, utilisé ce vêtement devenu légendaire à son insu,
► à ceux pour qui il est encore synonyme d’un travail manuel, salissant et dont il convient de se protéger,
► à ceux enfin qui en ont compris la portée universelle et s’emploient à le pérenniser.
En faisant appel à ceux pour qui c’est un objet d’étude, de réflexion, et/ou d’inspiration, nous souhaitons interroger les dimensions symbolique, utilitaire, commerciale de cet objet de mode.
L’association le Non-Lieu (patrimoine et création artistique contemporaine) fait cette année du Bleu de travail un axe thématique qui sera décliné sous plusieurs formes, en proposant notamment une journée d’étude.

Avec la présence de Jérémie Brucker auteur d'une thèse de doctorat en histoire " Avoir l'étoffe. Une histoire du vêtement professionnel en France des années 1880 à nos jours ", soutenue le 6 décembre 2019 à Angers, sous la direction de Christine Bard.

© D'après des documents de l'association le non-lieu