Sur ces images vues du ciel, on découvre, à deux mois de l'ouverture au public, que de nombreux ouvriers s'empressent d'apporter la dernière touche.
Il en aura fallu du temps (12 ans) et de l’argent (23
millions d’euros) pour rendre à la villa Cavrois, joyau de l’architecture
moderniste, son lustre d’antan. Le travail entrepris par l’État est sur le
point de toucher à sa fin : le 12 juin aura lieu l’inauguration, le lendemain
la « maison » sera définitivement ouverte au public.
Les projections laissent espérer 35 000 visiteurs par an
venus de toute l’Europe, « mais on devrait atteindre cet objectif d’ici la fin
de l’année », précise Paul-Hervé Parsy. L’administrateur de la villa Cavrois
est optimiste au regard du raz-de-marée humain qui avait accompagné l’ouverture
temporaire de la villa en 2013. En l’espace de deux semaines, 25 000 visiteurs
s’étaient pressés pour découvrir cette bâtisse unique à bien des égards.
Théoriquement, la rénovation aurait dû être achevée le 9 mars. Alors, les
ouvriers et l’administrateur se livrent à un véritable contre-la-montre pour
terminer le chantier dans les temps.
Reconstitution à l’identique
À partir du 13 juin, les amateurs d’architecture et les
simples curieux pourront admirer des espaces reconstitués à l’identique et
remeublés avec le mobilier d’origine acheté par le Centre des monuments
nationaux, et des espaces non meublés puisqu’une partie du mobilier a été
détruite ou dispersée. Fait unique dans le cercle des bâtiments historiques,
une chambre a été conservée dans son jus pour montrer l’étendue des travaux.
Pour les visiteurs, des reconstitutions en 3D seront
accessibles via des tablettes et des photos d’époque qui illustreront
l’adéquation entre l’œuvre original et la rénovation. « Ce n’est pas qu’on
approche de ce qui existait, on y est, affirme Paul-Hervé Parsy. On a collé au
plus près de ce qu’était la villa en 1932. » Allez, plus que deux petits mois à
attendre.
Un chef d’œuvre architectural
Les murs couleur ocre se dessinent sur le ciel bleu. Immense
et magnifique bâtisse, petit coin de campagne en pleine effervescence citadine.
C’est ce que souhaitaient les Cavrois qui, au début des années 30, ont commandé
cette villa à l’un des grands architectes du moment, Robert Mallet-Stevens. «
Paul, entrepreneur dans l’industrie textile, et sa femme Lucie imaginaient une
maison de famille. Ils avaient sept enfants,précise Paul-Hervé Parsy,
administrateur de la villa Cavrois. Robert Mallet-Stevens leur a proposé une
villa à la fois extrêmement moderne dans sa forme et dans son volume, mais
aussi très classique dans son organisation spatiale. C’est une maison à
habiter, à vivre. »
Les dimensions de cette demeure d’exception donnent le
tournis : 60 m de long, 1840 m2 habitables, 840 m2 de terrasse et, dans le
parc, un miroir d’eau de 72 m ! Joyau de l’architecture moderniste de l’entre
deux-guerres, la villa a été habitée par ses propriétaires jusqu’en 1987 avant
d’être classée monument historique en 1990. Rachetée par un promoteur
immobilier, elle a finalement été abandonnée, squattée, pillée. Acquise par
l’État en 2001, elle est en chantier depuis 2003 pour 23 millions d’euros.
Dix-huit corps de métier et plus de 200 ouvriers se sont pressés à son chevet
pour qu’elle retrouve son état de 1932.