On peut se demander si les tables de la cuisine, de l’office et de l’arrière cuisine de la Villa Cavrois étaient carrelées comme c’est le cas actuellement.
Ce que l’on sait :
- Une table a été retrouvée au sous-sol, celle-ci n’est pas carrelée. C’est le seul meuble qui n’ait jamais quitté la maison, à l’exception durant une phase de restauration, on a un cliché pris dans cette circonstance (en cartouche ci-dessous). Cette table comporte des tiroirs.
Cette table retrouvée au sous-sol de la Villa Cavrois et qui est exposée dans la matériauthèque est proche du dessin attribué à Robert Mallet-Stevens avec la présence de 3 tiroirs. En cartouche, cette table lors de sa phase de restauration, seul moment où elle a quitté la Villa Cavrois. La surface de cette table n'est pas carrelée.
- Deux autres tables ont été récupérées par Paul-Hervé Parsy auprès du collectionneur Robert Rubin, ces deux exemplaires sont carrelés. Est-ce une restauration ultérieure qui nous mènerait sur une fausse piste ? D’autant que ce carrelage est absolument impeccable.
Sur les nombreux clichés d’époque, on a l’impression d’une surface absolument plane (effet d’optique ?) Mais les clichés actuels ne donnent pas cette même impression.
On a également une photo issue d'un album familial fournie par Pascal Bourlart © où l’on voit tante Mariette et un enfant Cavrois devant une table qui n’est pas carrelée.
Sur les anciens clichés, la surface des tables apparaît absolument lisse, comme sur celui en bas à gauche, pris en 1954, issu d’un album familial où l’on voit tante Mariette et un enfant Cavrois (Pascal Bourlart ©), ou celui de droite paru dans la revue Miroir du Monde en 1936. A comparer avec une vue en 2016, en haut à gauche.
Un dessin attribué à Robert Mallet-Stevens ajoute également un point dans ce sens.
Un dessin, attribué à Robert Mallet-Stevens, montre deux tables, dont une avec 4 tiroirs, qui ont des surfaces absolument lisse. De même que de nombreux clichés d'époque, dévoilent un plateau sans carrelage. A remarquer que les autres plans de travail sont eux aussi revêtus d'une surface d'une régularité parfaite sans aucune rainure.
Autrement dit, tous les documents anciens (de nombreuses photos, plus un dessin de Robert Mallet-Stevens, plus l'original d'une table retrouvée à la cave) sont en faveur de tables sans carrelage.
Pourquoi celles-ci n’auraient-elles pas été recouverte d’une surface facile à entretenir (sans les rainures d’un carrelage), surtout dans ce contexte d’hygiène - propreté, comme c’est le cas pour le dessus du buffet courbe (l'original d’époque donné par Robert Rubin n’a pas été modifié) qui lui possède un plan de travail absolument lisse ?
Le cliché de gauche date de 1932, il comporte des taches d'encre, dont une au niveau de la table, mais cela n'empêche nullement de découvrir une surface lisse, avec un revêtement qui semble identique à celui de la glacière visible au premier plan à l'extrême gauche. A comparer avec les deux photographies actuelles à droite.
On découvre cette description dans une demeure 1934 :
La cuisine et l'office ont des murs en faïence blanche de la maison Barthels rue Fleurus à Lille. Les meubles sont en acier émaillé blanc, recouverts de marbre blanc. Le sol est en grès cérame blanc et noir.
Il n’est nullement dit que les tables sont carrelées !
A signaler qu'une quatrième table provenant de la Villa Cavrois est visible au musée des années 30 de Boulogne Billancourt.
Si on regarde de près l'une des tables actuellement exposée dans la cuisine de la Villa Cavrois, on remarque une nette différence dans l'état de conservation des parties métalliques. Alors que le tiroir présente des traces logiques d'usure, le pourtour métallique est neuf et celui-ci n'a pas le profil d'une cornière, comme on peut le distinguer sur les clichés d'époque.
A signaler qu'une quatrième table provenant de la Villa Cavrois est visible au musée des années 30 de Boulogne Billancourt.
Ajoutons également cet élément, avec ce cliché de la cuisine du palais Stoclet à Bruxelles (1905-1911) réalisée par Josef Hoffmann, qui influença le jeune architecte Robert Mallet-Stevens. Dans cette ambiance de laboratoire qu'on retrouvera dans ses conceptions les plans de travail sont parfaitement lisses et propres.
Voici la réponse de l'administrateur Jocelyn Bouraly le 30 janvier 2017 :
" Je trouve vos arguments très convaincants. A l’origine les tables de la cuisine n’étaient de toute évidence pas carrelées.
L’agrandissement ci-dessous, effectué à partir d’une HD d’une photo prise au début des années 1930, révèle indubitablement une surface lisse.
Reste à savoir quand ces tables ont pu être carrelées… "
Un coin de la cuisine. Meubles en acier émaillé blanc des Etablissements Charles Blanc, Installateurs 42 et 42 bis, boulevard Richard-Lenoir à Paris.
Photo d'Albin Salaün, parue dans l'Architecture d'Aujourd'hui n° 8 de novembre 1932.
Une table de l'office de la Villa Cavrois qui était exposée au musée Landowski, dit des années 30, à Boulogne Billancourt apporte un argument de plus. En effet la surface de celle-ci est absolument lisse. Cette table a rejoint la cuisine de la Villa Cavrois en novembre 2024.
Clichés de Jacques Desbarbieux le jeudi 22 juin 2017 © Amis de la Villa Cavrois.
Le texte de présentation précise qu'il s'agit d'une réalisation de l'atelier de Jean Prouvé, un industriel ami de Robert Mallet-Stevens qui réalisera également l'ascenseur de la Villa Cavrois.
Cette table qui est plus petite que les 3 autres connues présentes à nouveau dans la Villa, comporte également deux tiroirs. On retrouve la même couleur laquée, les mêmes poignées et fixations au niveau des pieds tubulaires.
Le dessus est parfaitement lisse, à la différence des tables carrelées, ce qui correspond mieux à plusieurs principes parmi les 7 énoncés par Robert Mallet Stevens, comme l'hygiène et la propreté.