À Croix, pourquoi il fallait sauver la Villa Cavrois
Publié le 1er août 2015 par Sophie Leroy
La Villa Cavrois n’a jamais laissé de marbre, soulevant les
passions, dès son inauguration, en 1932, aujourd’hui autour du coût de sa
restauration : 23 millions d’euros. Il suffit pourtant d’en pousser les portes
pour qu’elle vous gagne à sa cause.
C
Comme Cavrois, du nom de Paul, industriel roubaisien dans le
textile. Celui-ci souhaite une grande maison pour accueillir sa famille
recomposée de sept enfants. Mais il ne veut pas d’une demeure traditionnelle et
passe commande auprès du moderniste Mallet-Stevens, qui a fait sensation à
l’Expo internationale des Arts décoratifs de 1925.
Après deux ans de travaux, la villa est inaugurée en 1932,
jour du mariage de sa belle-fille Geneviève, et fait déjà polémique avec ses
briques de parement jaunes.
A
Comme architecte. Mallet-Stevens met en pratique son
manifeste pour une architecture moderne. Des murs, au mobilier, il joue sur des
volumes singuliers, les perspectives, lignes et arrondis. Mallet-Stevens a
réalisé des décors de cinéma : il met en scène la villa.
A comme acajou, de celui qui pare le fumoir : Mallet-Stevens
joue de la même manière sur les matières, couleurs de marbre, essences de bois
et lumière indirecte.
A, enfin, comme ascenseur, dont est aussi pourvue la maison
dès l’origine. Ou archéologie, travail mené pour restaurer les lieux.
V
Comme vestiges. La villa Cavrois a connu l’Occupation,
durant laquelle les Allemands comblent le miroir d’eau du parc. La division,
pour aménager deux appartements pour les fils aînés : un visiteur se souvient
de la salle de jeux devenue « le salon de Francis ». L’abandon, après la vente
de la demeure en 1985 : 85 % du décor disparaît. Une pièce témoin acte de
l’état dans lequel se trouvait la villa.
V comme vert, une couleur emblématique du salon, imposée par
l’ouverture et la vue sur le parc.
R
Comme restauration, un travail mené entre 2003 et juin 2015,
d’après des photos familiales, les empreintes laissées sur les murs, l’ouvrage
de Mallet-Stevens Une demeure 1934. À sa demande, toutes ses archives ont en
effet été détruites à sa mort.
Un film détaille les étapes de cette restauration, sa
complexité, comme pour réparer le parquet d’origine, typique des années 20.
O
Comme origine. La villa a été restaurée dans ses volumes et
mobilier de 1932. Le marbre a été découpé pour retrouver les dessins d’alors.
Seul le parc est amputé. Mais l’essentiel de ses lignes, son miroir d’eau, dans
le prolongement de la maison, ont été redessinés.
I
Comme illusions. Dans la chambre des garçons, le jeu de
matière au plafond nous laisse supposer un ciel sans fin.
Du salon, la porte visible à l’étage, semble être une
souricière, elle ouvre sur un grand couloir.
S
Comme salle de bains, avec ses douche circulaire,
chauffe-serviettes, pèse-personne intégré, TSF (installée dans toute la maison)
et bichromie. Cette pièce est emblématique de Mallet-Stevens dont des œuvres
ont été détruites… mais finalement pas la villa Cavrois !
EN PRATIQUE
60, avenue du Président John Fitzgerald Kennedy, à Croix.
Tous les jours, sauf le mardi, de 10 h 30 à 18 h 30.
7,50 € / 6 € / gratuit moins de 18 ans.